Procédure détaillée pour contester la décision de maintien en rétention
Étape 1 : Bénéficier d'une assistance juridique immédiate
Dès votre placement en centre de rétention, vous avez droit à l'assistance d'un avocat. Si vous n'avez pas les moyens de rémunérer un avocat, vous pouvez bénéficier d'un avocat commis d'office qui vous assistera gratuitement.
Étape 2 : Déposer votre demande d'asile et rassembler les preuves
Lorsque vous déposez votre demande d'asile auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), il est crucial de rassembler immédiatement tous les éléments prouvant la sincérité de votre démarche. Demandez le passage de vos empreintes à la borne Eurodac si vous avez déjà déposé une demande d'asile dans un autre pays européen.
Cette démarche active démontre que votre demande s'inscrit dans une continuité et n'est pas opportuniste.
Étape 3 : Déposer une requête devant le tribunal administratif
Votre avocat doit rapidement déposer une requête auprès du tribunal administratif du lieu où se trouve le centre de rétention pour demander l'annulation de l'arrêté de maintien en rétention. Cette procédure est régie par l'article L. 754-4 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile.
Étape 4 : Présenter des arguments juridiques solides
Votre requête doit contenir plusieurs types de moyens juridiques pour maximiser vos chances de succès. Les arguments suivants peuvent être invoqués :
Défaut d'examen individualisé de votre situation : Le préfet doit analyser concrètement votre situation personnelle et ne peut se contenter de motifs généraux.
Erreur de fait : Si l'administration s'est fondée sur des éléments factuellement inexacts ou incomplets, la décision est illégale.
Violation de votre droit à l'information : Selon l'article 4 du règlement européen n°604/2013, vous devez recevoir des informations dans une langue que vous comprenez concernant la procédure Dublin si vous avez déjà déposé une demande d'asile dans un autre pays européen.
Empiètement sur les compétences de l'OFPRA : Le préfet ne peut pas se substituer à l'OFPRA pour apprécier le bien-fondé de votre demande d'asile. Il ne peut qualifier votre demande de dilatoire qu'en se fondant sur des éléments objectifs indépendants de l'analyse du fond de la demande.
Absence d'examen des alternatives à la rétention : L'administration doit examiner si une mesure moins coercitive, comme l'assignation à résidence, serait suffisante pour garantir votre présence.
Conséquences de la décision et suite de votre situation
Si le tribunal annule la décision de maintien en rétention
L'annulation de l'arrêté de maintien en rétention entraîne votre libération immédiate du centre de rétention. L'administration doit mettre fin sans délai à votre rétention et vous
délivrer une attestation conformément aux dispositions légales applicables.
Vos recours concernant le rejet de votre demande d'asile
Si l'OFPRA rejette votre demande d'asile, vous disposez d'un recours distinct devant la Cour nationale du droit d'asile (CNDA). Ce recours est indépendant de la procédure devant le tribunal administratif concernant votre maintien en rétention. Vous devez exercer ce recours dans les délais légaux prévus.
Situation administrative après votre libération
Après votre libération du centre de rétention, votre situation administrative dépend des autres décisions vous concernant.
Cette obligation demeure applicable malgré l'annulation de la décision de maintien en rétention.
Si vous avez une demande d'asile en cours dans un autre pays européen, comme c'était le cas aux Pays-Bas dans ce dossier, la question de l'État responsable de l'examen de votre demande selon le règlement Dublin reste posée.
Vous devez vous renseigner sur vos droits et obligations auprès d'associations spécialisées dans le droit des étrangers.
Demande d'indemnisation pour les frais engagés
Vous pouvez demander au tribunal la condamnation de l'État au paiement de vos frais d'avocat sur le fondement des articles 37 et 75 de la loi du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique.
Points essentiels à retenir
Le succès de votre recours dépend principalement de votre capacité à démontrer que le préfet n'a pas procédé à un examen réel et sérieux de votre situation personnelle avant de qualifier votre demande d'asile de dilatoire. Tous les éléments objectifs démontrant la sincérité de votre démarche doivent être rassemblés et présentés au tribunal : demandes d'asile antérieures dans d'autres pays, procédures européennes en cours, initiatives prises dès votre arrivée en rétention pour faire valoir vos droits.
Le tribunal vérifie que l'administration a pris en compte l'ensemble de ces éléments et n'a pas fondé sa décision sur des présomptions automatiques ou des motifs généraux applicables à tous les étrangers en situation irrégulière. L'erreur de fait est un élément essentiel dans ce type de contentieux.